Je ne pouvais pas venir dans cette region du sri Lanka sans pousser au max vers le nord. Point Pedro. C'est le nom de cette petite bourgade pratiquement en cul de sac. Je suis à seulement 40 km de la pointe sud de l'Inde. Ça me fait drôle d'ailleurs d'être si proche du continent.

Une petite placette, un parking, un vieux poste de douane en ruine et une échoppe ponctuent ce point extrême.

A partir de là, je n'ai d'autres choix que d'aller vers le sud sur la cote orientale ou à l'ouest sur la cote nord. J'opte pour la première solution dans un premier temps.

Après avoir traversé encore quelques landes, un immense temple se découpe au milieu d'une oasis de palmiers. Toujours aussi coloré, de l'extérieur comme à l'intérieur, quelques personnes sont là, non pas en prières mais en pleines discussions. Un p'tit bonjour de la tête, et je rentre pour observer toutes ces décorations plus flamboyantes les unes que les autres.

Je me surprends à me cacher derrière un pilier pour regarder deux locaux apporter des pieds de bananiers pour les faire bénir par le représentant du maître des lieux. Respect...

Ma route continue en bord de mer. Je n'ai jamais vu autant de plages immenses de sable blanc baignées par un océan à 30 degrés totalement désertes. Seul un chien, installé sur un petit banc, à l'ombre fait sa sieste. Le cingalais n'est pas du tout dans le plaisir ou le loisir, comme nous, occidentaux.

Je suis ému en passant devant une église en ruine au 3/4 ensevelie par le sable, à quelques 2 km de toute habitation. Évidemment je m'y arrête et rentre dans les lieux ouverts. La bâtisse avait l'air de belle construction. Le vent, le sable faisaient leur travail de gloutons, jusqu'au jour où plus rien n'apparaîtra.

Jai pensé a la dune du Pyla qui se deplace au fil des ans enselissant quelques structures touristiques. Mais chez nous, nous nous donnons les moyens de tenter d'éradiquer ces phénomènes naturels. Ici non. C'est comme ca 😞. Derrière ce monument, sur une autre dune de sable, donnant directement sur l'ocean, est perché un cimetière aux tombes colorées. Je trouve cela... joli !

Le village voisin, aussi, est très agréable. Des petites ruelles en terre sablonneuse serpentent et bordent des maisons en bois assez bien entretenues et propres. C'est surprenant, car ces habitations ne sont pas fermées, mais je n'ai rencontré personne. Tout le monde a l'ombre sûrement.

A ce point je dois rebrousser chemin, car j'arrive très proche des zones interdites qui n'ont pas été nettoyées des milliers de mines anti-personnelles posées par l'armée cinghalaise durant des décennies. Pas de risque inutile.

Pour me rapprocher un peu de Jaffna, je prends la cote nord vers le village de Keerimalai, ou il y a des bains purificateurs (j'en ai sûrement besoin) ouverts à tout le monde. Pourquoi pas.

Merde, au beau milieu de nulle part, à part un poste militaire, je crève à nouveau. Les jeunes soldats tout de suite sont à la recherche d'une solution. Pour moi, la seule que je vois est d'arrêter un camion et de poursuivre ma route. Seulement en guise de camions, ce sont des scooters qui passent de temps à autres.

Après une bonne 1/2 heure un paysan avec son motoculteur et sa remorque. Il accepte de m'emmener au premier village, en revenant sur mes pas de 5 bornes. On charge l'engin, moi dans la remorque pour le tenir car non attaché. Un cycliste s'accroche, et en avant. A la vitesse de notre avancée, cela a pris plus d'une heure. Belle moyenne. Le temps ne compte pas, c'est le geste qui est important. Certes le geste n'est pas gratuit, il me demande 700 roupies. Le même trajet en tuk tuk m'aurait coûté 300. On négocie à 500 et suis bien content de trouver un garage pour me dépanner. 2 trous, 2 mèches, 2 minutes d'arrêt et 150 roupies (75 cts d'euro) de réparation immédiate. Efficace le mec. Vue la simplicité de mise en oeuvre, je crois que je vais m'acheter un petit stock de ces mèches pour mon camion et moto.

L'épisode crevaison m'a pris presque deux heures sur mon programme mais il m'a fait passer un bon moment, de doute et de surprise, alors aucun regret.

Les bains sont enfin là. Un pour les filles et un pour les mecs. Dans cette espèce de piscine en pierre de forme oblongue avec des gradins jouent quelques ados dans une eau... Je sais pas en fait, une eau filtrée, non filtrée, salée non salée .. . Mystère. Toujours est-il que je prends le risque de m'y baigner pour me fondre encore plus dans la couleur locale. 10 mètres derrière, c'est la plage, mais il est interdit de s'y baigner car c'est le lieu de dispersion des centres après les crémations.

Une bonne douche après ce bain, et je rentre sur Jaffna pour y passer ma dernière soirée, avant de partir à Anadhapura, le début du "Triangle Culturel" . Soirée pendant laquelle je rencontre un jeune couple parti depuis un an et demi, et une sexagenaire de Rennes, qui prendra le même train que moi demain.

Je pense que c'est un nouveau voyage qui va commencer.