Passage d'une frontière supplémentaire, mais celle là sera la dernière de notre voyage, puisque nous passons de l'Italie qui nous a quelque peu envoûté par ses paysages, ses habitants souvent gais et chantants, ses couleurs ocres sur les façades de maisons, à la France que nous connaissons bien.

Nous rejoignons Claire et Fabrice au coeur du Queyras. Nous voilà les 6 compères à nouveau réunis, un peu comme chaque années.

Nous sommes très heureux de nous retrouver, nous allons pouvoir marcher, voler ensemble. C'est un vrai bonheur.

Et pour autant, sans le verbaliser vraiment avec Irène, nous avons la même sensation, le même sentiment. Notre voyage a déjà atteint l'échéance malgré que nous ne soyons pas encore complètement rentrés chez nous.

Nous avons terminé notre voyage pour le continuer par des vacances avec des amis.

Rien de négatif dans tout cela, juste un constat.

Alors je propose à Irène de passer les deux derniers jours, juste entre nous, comme lors de notre départ. Rentrer par le chemin des écoliers, surtout en évitant les autoroutes et tout autre grand axe.

Se retrouver seuls, comme dans le Péloponèse, non. Pas en pleine saison estivale. Mais à notre rythme, celui qui nous va à chaque instant.


Avant cela il y a eu Ceillac, ces retrouvailles avec nos amis de Guadeloupe. Raconter en une soirée notre épopée, impossible. Alors quelques bribes au gré des heures qui passent, avec des anecdotes que nous avons vécu et qui ressurgissent à nos esprits, comme ça entre deux verres.


Et puis ce vol magnifique que nous commençons ensemble, Gilles, Fabrice, Thomas (un jeune pilote belge qui est venu nous voir pour la journée ) et moi.

Le ciel est magnifique, parsemé de petits cumulus comme tous pilotes les aiment. Juste après nos décollages l'altitude monte assez vite pour aller chercher en fond de vallée une grosse parois qui nous permet de monter encore. 3400 mètres atteints, nous attaquons une grande transition vers d'autres cîmes. 1er pilote au tapis, Fabrice prend une mauvaise option de direction et doit aller poser. Zut !

Comme d'habitude je suis un peu à la traîne. Gilles et Thomas sont 2 km devant moi mais se font contrer par du vent météo et font demi-tour avant d'arriver à Guillestre. Nouveau pilote trop bas pour récupérer de l'altitude, Thomas. Re-zut !

Nous restons Gilles et moi en l'air, et traversons la vallée en espérant remonter assez haut pour raccrocher les grandes crêtes du Queyras qui nous tendent les bras. Il nous manque au moins 500 mètres de gain, mais le vent météo d'ouest nous en empêche.

Après avoir travaillé un long moment dans une combe bien exposée, d'un commun accord au bout de 3 heures de vol nous allons nous poser rejoindre tout le monde et refaire ce vol magique autour d'un bon déjeuner qui se finira à 17:00


Voilà la dure vie d'un groupe de parapentistes. On rêve de voler, on vole, puis on parle et reparle de ce vol. Pour les non-volants, c'est une horreur, alors on essaie d'être raisonnables.


De toutes façons demain ne sera pas bon pour sortir les ailes.

Claire et Fabrice sont partis grimper, Irène Pascale Gilles et moi allons nous user les muscles en vtt sous une bonne chaleur. Petit tour, 20 km, mais grosse montée 840 mètres, et belle descente bien technique par un sentier à flan de montagne pierreux à souhait jusqu'à la Durance.


Voilà notre dernière soirée entre amis achevée. Nous savons que demain et après demain seront des journée de retour.

Un mélange de gaîté de retrouvailles avec nos familles, de nostalgie de certains moments de ces 5 mois de voyage, de crainte de quitter notre liberté d'action et d'inaction.

Il va nous falloir, (enfin surtout Irène car moi je peux repartir quand je veux) du temps pour remettre les pendules sociales et laborieuses à l'heure.

Mais j'ai assez écrit durant ces 153 jours de vagabondages, alors je laisse la plume à Irène pour conclure ce très beau rêve devenu réalité.