Debarquement à Split. Nous ne nous attendons pas à grand chose de cette ville qui se veut être la seconde du pays. Seul le vieux et petit quartier a attiré notre attention par ses hautes maisons accolées au port.

Nous y faisons un tour, et tout compte fait nous avons été assez surpris par un melange d'architecture romaine et vénitienne dans une ambiance bon-enfant de moyen âge. Petite balade d'une heure... et direction le coeur du pays, dans un monde rural.


Petite anecdote à Omis, grosse station balnéaire où nous cherchons un bivouac au creu d'une jolie gorge de la rivière Cetina. Après l'avoir trouvé après quelques difficultés, nous nous posons au frais sur les berges du cours d'eau. Une maison de l'autre côté attire notre attention, où l'on devine un peu de mouvements. De là, une barque traverse pour arriver à nous. Un couple débarque avec des caisses de légumes fraichement cueillis, je les aide à les descendre du cannot... jusque là tout est normal.

J'ai la bêtise de demander au mec, s'il pense que ça ne dérange pas que nous restions là pour la nuit, le camping sauvage étant interdit. Soudain, il me prend à part en me disant que je dois payer 100 Kunas (15 €). Je fais le con, je comprends pas mais il insiste. Ne voulant pas d'histoire on décide de payer même si je doute fort que le terrain vague lui appartienne. Morale de l'histoire, les croates sur les lieux touristiques sont trop accro au frics. Il n'y a rien pour rien, et c'est fait d'une manière assez désagréable.

Donc, nous allons vers le plus grand lac de la Croatie. Perucko jezero, l.  ac artificiel toujours sur la Cetina. L'environnement ressemble étrangement au lac du Salagou, en plus grand et surtout avec des berges accessibles en camion. Calme, sérénité, vue, solitude. Tout y est !

Nous rencontrons là, Jerko l'initiateur du parapente en Croatie. Ok, ce n'était pas un hasard 😉. Un homme étrange, accueillant, attachant. Il a 49 ans et a vécu la guerre des Balkans lorsqu'il avait 18 ans, dans les forces speciales. C'est un mastodonte avec son 1,95 m et ses 120 kg de muscles.

On sent tout de suite qu'il vit avec ces durs souvenirs de souffrances, de dureté de vie, dune jeunesse gâchée.

Il vit dans ce petit village de Hrvace (à prononcer comme on veut) où il a monté un agroturismo et en même temps moniteur de parapente. Mais surtout , il fédère l'activité en dynamisant tout un petit monde autour de lui.

Tout de suite, nous sommes pris sous son aile (si je puis dire sans jeu de mots). Il ne nous lâche plus en nous invitant chez lui pour manger, boire mais surtout parler. Parler de sa vie d'avant qui semble être un poids permanent.

Dès le lendemain matin rendez vous au café de sa fille avec d'autres pilotes pour aller voler. Les conditions sont belles, un peu puissantes mais sans plus. En fin de journée je pars me balader en vol, traverse tout un plateau, survole un joli cañon et m'en vais sur une immense plaine où Irène vient me chercher. Retour pour retrouver tout le groupe chez une famille locale qui tient un ranch et qui nous a fait les navettes pour monter au déco.

Encore des gens adorables, simples et accueillants.


Il est difficile de partir d'ici, mais après 3 jours il est temps de prendre la route pour nous plonger dans le parc national le plus réputé du pays pour ses magnifiques lacs et cascades turquoises. Plitvička.

Je crains une chose... c'est la foule. D'apres ce que nous lisons sur le web, c'est l'un des plus importants lieux touristiques du pays.

J'ai une approche un peu négative mais Irène compense bien en nous motivant. C'est une visite un peu incontournable en Croatie.

C'est comme si un chinois allait à Paris sans voir la tour Eiffel 😁.

Donc pour éviter la queue à l'entrée et au moins le début de notre journée, nous nous présentons dès l'ouverture du parc, soit 7h00. Ca fait tôt avec l'énorme avantage de la fraîcheur. Belle surprise, peu de monde, voire même presque personne. Yes !!!

Il y a plusieurs parcours préconisés et en choisissons un de 9 km que nous alongerons à 14 manière de...

Cette balade en forêt consiste en une succession de lacs plus ou moins grands, d'une eau parfaite mais interdite d'y toucher (c'est dur pour moi ). Chaque étendue d'eau se jette dans la suivante en de belles cascades parfois comme des larmes ruisselantes, douces et silencieuses, et d'autres plus hautes, puissantes et assourdissantes.

Rien à dire, c'est superbe. Bien entendu, je me prends pour un vrai photographe avec des essais de profondeurs de champs, etc... et d'un seul coup, mon bel appareil photo qui me suit depuis quelques années tombe en rideau. Impossible de le redémarrer. Dorénavant pour le reste du voyage, je ne posterai plus'que des photos de mon téléphone et sans véritable zoom. Pour ne rien cacher j'ai les boules, avec de surcroît l'arrivée de plusieurs centaines voire de milliers de visiteurs nous imposant parfois un embouteillage sur les chemins étroits.

Intérieurement je râle mais nous arrivons à trouver une échappatoire pour terminer seuls et au calme notre tour.

Ce fut tout de même une très belle visite et nous comprenons pourquoi cela attire tant de monde !


Nous continuons notre route vers le nord. Les paysages sont pré alpins. De petites montagnes très boisées de résineux et de feuillus au milieu de grandes plaines encore verdoyantes attendant d'être jaunies par le lourd soleil estival.

Et puisque je n'ai pas volé durant un bon mois, nous fixons un coin totalement rural surmonté d'une chaine de petits reliefs boisés où je sais que le parapente y est pratiqué. La montagne de Gašparac.

Gros Bidon dans un champ fauché à 3 mètres d'une rivière à truites magnifique, la Gacka, aussi fraîche qu'un torrent de montagne serpentant au milieu de cette immense plaine. Je contacte un pilote local, Milan, jeune homme de 26 ans qui se propose immediatement de nous rejoindre au camion avec des bières.

Apéro achevé, il passe des coups de fils, à droite, à gauche et nous dit de venir chez lui pour une grosse grillade improvisée pour notre venue.

Et nous voilà à 8 autour d'une grande table, à faire connaissance mi en anglais, mi en croate avec Google traduction. Josip, Krecho, Jeromy et les autres... Faut dire que l'anglais est peu parlé dans cette Croatie authentique.

La soirée fut encore une belle fête avec beaucoup de rires et de bières sans oublier le raki que nous avions amené.

Le vol du lendemain a été d'une douceur légendaire et franchement bienvenu. Il m'a permis tout de même d'aller me balader de sommets en sommets pour revenir me poser à 200 mètres d'Irène presque à la nuit venue.

Le au-revoirs du 3ème jour ont presque été douloureux avec Josip, et il m'a offert une petite gravure sur bois représentant son site de vol. Très touchant pour une relation de 2 jours.

Il m'a aussi fait promettre de revenir l'année prochaine. Après tout, pourquoi pas, les rencontres telles que celles là, j'en veux tous les jours.

Pour moi c'est ça le voyage, nous faisons de belles rencontres avec des moments inoubliables et la vie doit continuer en restant un tant soit peu sur notre chemin pour avancer.

Avancer où, me direz vous ? Vers un autre site, alors nous espérons de nouvels gens, de nouvelles discussions, de nouveaux bons moments.

Tribalj, l'un des plus grands et plus importants site se rapprochant du littoral à côté de Rijeka. Nous attaquons la montée au décollage par une minuscule route de corniche. 2,5 mètres de large (véridique), des aplombs vertigineux et aucun parapet. Nous serrons les fesses, surtout Irène lorsqu'elle est côté précipice.

Ouf, nous y arrivons mais Irène devra redescendre seule si je vole. Oups ! Elle a du courage, je vous le jure.

Là haut, personne, pas un chat, aucune vie, degun... pourtant les conditions sont nickel et nous sommes dimanche. Patience.

Tout d'un coup, une voiture avec 3 personnes et une voile. C'est un bi-placeur professionnel. Je lui dis bonjour, m'attendant à avoir une réaction de sa part... rien. Un mur aussi épais que la muraille de Chine. Ça alors ! On a changé de pays.

Je me prépare pour mon vol et avons repéré un itinéraire de descente pour Irène semblant plus adéquate pour le camion et moins sinueux.

Ce site est une immense falaise d'une bonne quinzaine de km de long en second rang par rapport à la mer largement accessible en vol, mais interdit à cause d'un aéroport à proximité.

La vue, une fois atteint le plafond a 1600 mètres est ahurissante. Le bleu azur de la mer, les terres boisées d'un vert presque nuit, et l'île de Krk dont une grande partie ocre jaune est nue de tout végétation. Régalade des yeux, et cerveau plein d'admiration de notre planète par endroits encore intacte.

Irène est bien arrivée, je la surveillais de là-haut.

Constatations encore vérifiée lors de cette semaine pleine de surprises... les vrais gens sont là où on ne les attend pas.

Le tourisme dont nous sommes acteurs, bien que je nous estime plus voyageurs qu'autre chose, déforme le regard que les autochtones portent sur nous. Et c'est comme ça dans le monde entier.


Je vous écris de l'ile de Krk, au bord de l'eau cristalline. Journée physiquement inactive 😉.


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Cette île ne remportera pas la palme d'or de notre voyage. C'est beau, certes, avec un contraste étonnant de paysages passant de collines boisées à un territoire totalement exempt de végétation.

Mais voilà, un monde de malade, des interdits partout, des campings a 44€ la nuit. Non merci. Trop contraignant pour les globe trotters que nous sommes. Deux jours auront suffi. Un pour le farniente et l'autre pour souffrir en vtt sous un soleil de plomb.