Nous rentrons dans notre 4ème pays du voyage. Le plus petit, 3 fois moins grand que la suisse, à peine plus grand que l'Aude et l'Hérault réunis.

Un drôle de sentiment nous envahit à Irène et moi. Une sensation d'approche de la fin de notre trip. Nous avons dépassé la moitié de la période totale, nous avons fait près de 8000 km sur les 12000 envisagés. La fin est plus proche que le début, voilà...

Il nous faut se ressaisir, et repartir dans nos têtes à la découverte de notre nouvelle destination, le Monténégro.

Personnellement, j'attends beaucoup de ce pays car j'ai pu voir des images extraordinaires de ce petit pays. Le tracé de la côte est très ciselé, la mer turquoise et tout le reste du territoire des sommets, des gorges profondes creusées par des torrents furieux. Très peu de zones à cultiver. Il n'est pas rare de voir des sommets à 1700 mètres directement en bord de mer, ou des enclaves tortueuses fermées par des péninsules plus hautes que larges comme à Kotor.

Tout devrait être un réel paradis de nature exubérant et envoûtant.

Mais voilà que l'Homme avec un grand H et son appât du gain intervient dans son propre pays en passe de devenir un Eldorado de l'industrie du tourisme.

Alors il bétonne les plus belles plages, il casse les montagnes pour y accoler de grands hôtels luxueux en des endroits incroyablement difficiles d'accès, il creuse d'immenses tunnels pour éviter quelques magnifiques routes sinueuses, il déforeste des centaines d'hectares pour y installer des stations de sports d'hiver. Difficile de lui en vouloir, c'est humain...

En plus de cela, cet Homme n'est même pas agréable de prime abord. Contrairement à son voisin albanais, le monténégrin ne semble avoir aucune envie de rencontrer, d'échanger ou simplement de croiser un regard. Ça ne l'intéresse pas. En montagne, c'est un peu différent, et un peu plus convivial, mais guère...

Nous sommes extrêmement mitigés, et ne savons pas trop comment aborder cette partie de voyage.

Alors ma foi, la meilleure méthode est de faire notre vie et de n'attendre rien de personne.

Nous sommes rentrés au Monténégro par la petite porte pour etre au plus proche de notre première destination, qui sera le parc national du lac Skadar, réserve ornithologique importante. Mais pas trop vite, il fait chaud et jai envie de me baigner. Nous trouvons, Ô miracle une longue plage où les restaurants les uns à la suite des autres ne sont pas encore ouverts, et en profitons pour y passer la nuit au calme.

Le lendemain nous préparons notre escapade en kayak sur le lac Skadar à partir de la petite ville de Virpazar. C'est un petit village lacustre, bien ombragé où des nuées de vendeurs de tours en bateau t'alpaguent pour essayer de te vendre un billet. Refusant simplement, un patron d'hotel nous indique que nous pouvons nous garer n'importe où, que tout est libre. Waouh ! Le premier contact est super. La suite est bien entendu très intéressée car il nous expose ses menus du soir et du matin et nous assure que nous sommes les bienvenus. C'est son job et il le fait avec le sourire. Nous nous garons donc au bord du petit chenal, qui nous permettra de partir à l'aube en kayak, voir le réveil des oiseaux.

Debout à 5 heures, il fait frais, nous sommes seuls sur l'eau et les volatiles sont déjà au boulot, à la recherche de leur petit déjeuner que nous n'avons pas encore eu. Nous resterons 3 heures a pagayer. Des oiseaux, il y en a, mais entre nous je m'attendais à plus de variétés. 

C'etait très agréable comme virée et continuons à explorer la partie sud ouest du pays en rentrant légèrement dans les terres en passant par la ville de Cetinje qui n'a vraiment aucun intérêt, si ce n'est que la petite'route nous aura mené vers un petit havre de paix aux détours de méandres de la riviere que nous suivons. N'ayant pas fait grand chose de la journée, après le dîner (souper) je propose une petite balade digestive à Irène manière de...

La nuit n'est pas très loin mais 4 km, ça se fait les doigts dans le nez. Irène en petite robe d'été, baskets et moi en short et chaussures de marche. Par instinct, je prends ma lampe frontale, et il s'avère que jai bien eu raison.

La petite boucle que j'ai dessiné sur ma carte commence par un large chemin, traversant la rivière pour arriver dans un petit hameau désert. Mais de là nous nous embarquons dans un sentier pratiquable mais tres végétal. Très vite, nous commençons à faire le sanglier mais refusons de faire demi-tour. La nuit tombe et devient très noire. Ma seule lampe frontale est tout juste suffisante pour appréhender les grosses marches montantes ou descendantes. En fait, nous sommes un peu en galère mais le moral reste au beau fixe.

Nous approchons d'un torrent tout au fond de la vallée où nous ne voyons rien. "Après tout nous n'avons plus qu'à le suivre pour retrouver nos pénates". Mais voilà que le torrent se montre plus virulent qu'espéré et nous oblige à le traverser les pieds dans la flotte.

Comme ça, ce n'est sans doute pas très drôle, mais à le vivre et à le voir, nous étions tous les deux morts de rire et en termes de digestion, c'était plus que parfait.

Nous rentrons les pieds trempés et le rire encore présent.


Nous reprenons la route le lendemain pour le parc national de Lovcen. Ce parc est formé essentiellement de deux pics culminants à 1700 m d'altitude, dont l'un a été surmonté d'un mausolée dans lequel est enterré "Petar II Petrović-Njegoš, prince-évêque du Monténégro de son état, poète et philosophe, de passion", et mort en 1851.

Le monument est accessible par la bagatelle de 500 marches au creux d'un tunnel ce qui nous permet de rester au frais durant l'ascension. Mise à part la vue à 360 degrés assez époustouflante mais un peu limitée par un ciel encombré, nous trouvons le monument, construit en 1951, relativement austère.

En repartant du parc, je m'arrête prendre un jeune couple d'auto-stoppeurs, qui s'avère être français. Irène réagit immediatement car dans Gros Bidon règne une odeur assez bizarre. Pour tout dire, deux paires de chaussures de randonnées détrempées en train de sécher, ça pue...

Nouvel éclat de rire, mais l'un de nos hôtes nous rassure en nous disant qu'il ne vaut mieux pas qu'il ouvre son sac. Quelle ambiance !!!

La suite de la journée et le lendemain vont être un peu moins marrant...