Ce petit camping salutaire tenu par de jeunes hollandais nous a permis de relativiser sur les mésaventures de la veille et repartons d'un bon pied malgré un temps encore un peu menaçant. A être là, on va se faire un petit tour dans la campagne/montagne avoisinnante, et notre hôte nous indique l'itinéraire pour aller voir une grotte avec un trou d'eau, que nous appelerons pompeusement "The Blue Eye". On ne peut pas appeler ça une rando, mais juste une balade qui va nous occuper une paire d'heures. Il faut avouer que cet oeil bleu au fond de la grotte est d'une clarté assez étonnante. Je teste la température, elle ne doit pas dépasser les 8 dg. Compte tenu du temps, des nuages et de l'humidité, je me dégonfle et on redescend au camping pour filer dans le parc National de Biogradska Gora.

Le premier contact avec les gardes du parc n'est pas des plus accueillants. Monnaie, monnaie. 6€ pour rentrer (bon ça, ça va) + 22€ pour poser le camion pour la nuit. Là, pas d'accord, donc on reviendra demain pour la randonnée envisagée et on ne paiera que l'entrée.

Mon tracé fait une belle boucle de 15 km et 750m de dénivelé en empruntant que des pistes et sentiers.

Le depart se fait au bord d'un petit lac enrobé de forêts très denses. 600m plus haut nous sommes accueillis très chaleureusement par Diana, qui aide son père dans un petit camping restaurant de montagne durant les mois d'été. Parlant français, c'etait encore plus facile, et nous indique que les sentiers que j'avais prévu ne sont pas praticables et qu'il vaut mieux renoncer.

En échange elle nous propose un autre itinéraire qui va nous augmenter le dénivelé. Irène grimace un peu, mais bon, il y aura surement une belle récompense au bout. Et en effet, après une belle grimpette dans les plans de myrtilles et alpages nous arrivons au sommet d'un relief avec une vue 360 vraiment géniale.

Pique nique là haut, au soleil et le plus dur reste à venir. 900m D- dans du terrain pas toujours confortable.

Genoux, chevilles, hanches ont bien travaillé et surtout nous nous entraînons pour le Durmitor, le parc national le plus réputé du Monténégro...


Voilà, nous y sommes. Vu de l'exterieur, les hauts reliefs minéraux sont très acérés et ressortent comme une éruption vertigineuse au milieu des plaines et plateaux verdoyants qui les entourent.

La petite ville/station touristique de Žabljak semble très organisée pour l'accueil des touristes venus essentiellement de Hongrie, Tchécoslovaquie, Suisse, quelques français et évidemment beaucoup d'allemands 🤣.

La vedette de cette partie du parc est le Crno Jezeno (Lac Noir en français) car il est vraiment accessible de tous, et en plus situé dans un cadre magnifique (surtout le matin lorsqu'il n'y a personne)

Mais franchement, nous ne sommes pas venus ici pour faire 5km autour d'un lac. L'envie des hauteurs est trop forte.

Komoot m'aide à trouver encore une nouvelle boucle à partir du fameux lac, mais qui va nous mener en montagne pour faire le tour d'un gros relief. 17km pour 800D+, je pense un peu plus.

Ça va, nous avons l'entrainement et la météo est prevue excellente pour demain.

L'ascension se passe "les doigts dans le nez" au début à travers une forêt de très hauts sapins, puis Waouhhhh, tout d'un coup nous voilà à découvert face à ces reliefs dépourvus de végétation, sous un ciel bleu plus que parfait. Il reste encore pas mal de névés disséminés dans un immense cirque de roches où passe notre sentier qui nous mènera à un col.

Quelques chamois se dressent au loin et nous regardent de haut. Juste le temps de les immortaliser pour le fun.

Il est arrivé un moment où nous avons pris la decision de ne pas continuer. Les amoncellements de neige deviennent trop importants et trop pentus sur notre passage. Nous n'avons pas de crampons et ne voulons pas prendre de risques inutiles. C'est vraiment dommage car il ne nous reste plus qu'un kilomètre et 150 D+ pour le col. C'est comme ça...

Irène est soulagée, et moi je sens la frustration très présente. Mais on ne rigole pas avec la montagne.

Alors demi-tour, et arrivés en bas nous faisons nous aussi le tour du lac qui s'achevera par un bon bain frais, puis retour à notre bivouac préféré et terminer la journée au soleil.


Le lendemain, repos. Heu ! Repos ? C'est quoi ça ?

Mais si, toute la matinée et la première moitié de l'après-midi à flemmarder, et puis allez hop, on part faire une petite sortie VTT.

Irène est un peu fatiguée, donc l'immense plateau au pied des montagnes du Durmitor, sillonné de nombreux chemins est parfait pour nous dégourdir les pattes. C'est super bucolique, légèrement vallonné avec quelques petits hameaux et éco-villages aux toits pentus au milieu l'immensité verdoyantes où paissent vaches et broutent moutons.

A la croisée d'un chemin un homme essaie de nous expliquer comment allez voir le canyon Tara. Ce n'était pas prévu mais ça fera notre petite variante. Par contre ça monte assez rude dans les bois par un chemin parfois bien boueux et en plus semé d'embûches. Au bout de 3 km nous voilà au plus près du canyon mais avec une vue assez tronquée par la forêt. Demi tour. 3 + 3 = 6 km de variante.

Les chemins défilent bien sous nos pneus, quand nous devons prendre une piste pour traverser un relief très boisé. Ça monte vraiment trop et nous n'avons pas de vtt électriques. Pieds à terre, et nous voilà à pousser pendant presque 2 km dans un nuage de mouches et autres moustiques bien collants. On se regarde avec Irène, l'air de se dire qu'il y en a marre, mais le moral est encore là (pour combien de temps ?).

Enfin, ça redescend et nous avons une récompense en empruntant un joli single qui débouche dans de grands champs en herbe grasse. Plaisir et sourire aux lèvres !

Cela ne va pas durer car le seul chemin qui nous permet de rentrer passe dans une grande propriété dans laquelle il y a un grand enclos pour moutons, plusieurs centaines de moutons. Et qui dit moutons, dit souvent patous... lorsque je l'aperçois au loin, il lève la tête et doit se demander ce que font deux vététistes sur ces terres.

Oups ! je fais demi-tour jusqu'à Irène et lui dis calmement de rebrousser chemin sans faire de bruit, à pas de loup pour contourner l'enclos par de l'autre côté.

Mais voilà que là aussi, un bon gros clebs du même gabarit fait la sieste à 50 mètres de notre passage.

On en mène pas large sur ce coup là, pourtant je n'ai pas peur des chiens.

Ni une, ni deux les deux vtt par dessus des barbelés et nous nous eloignons avec un oeil devant et un autre derrière. C'est pas très facile en vtt mais quand il le faut...

Tout s'est bien terminé, je pense que les deux fauves ont compris que nous ne faisions que passer. On a quand même serré les fesses.

En définitive, la petite sortie bucolique de 30 bornes s'est terminée à 20 heures, juste bien pour se faire un resto monténégrin. Et je ne vous raconte pas les proportions des plats. C'est énorme...

Pour quitter ce merveilleux endroit il existe une minuscule route qui fait le tour du parc qui a le nom bien trouvé et original de "Durmitor ring".

Nous l'empruntons avec précautions car elle vraiment très étroite, tortillarde et terriblement montagnarde dans la première moitié que nous parcourons.

C'est une randonnée alpine à elle seule, et on s'en met plein les yeux entre hauts reliefs minéraux et cols herbeux à près de 2000 m d'altitude.

Nous ne faisons qu'une demi boucle de la "ring" pour revenir vers le sud en direction de notre entrée en Croatie.

Mais décidemment notre itinéraire nous surprend à chaque virage, et avant d'arriver sur un lac qui est en fait la rivière Tara, la route descend une immense falaise tel un serpent qui se faufile entre les rochers.

Ce qui est étonnant c'est que d'ordinaire les tunnels creusés en montagnes sont souvent faits pour couper ou éviter des virages, et bien en l'occurrence les nombreux virages en epingles à cheveux sont des tunnels et les quelques lignes droites à l'air libre. C'est comme ça le Monténégro.

Dans la chaleur de la journée, nos envies sont simples... boissons fraîches et baignades. Une terrasse de restaurant avec 2 musiciens monténégrins (musique du pays assez entraînante et agréable ), et une plageounette sur le lac.

Quoi demander de mieux ? Et bien je vais vous le dire... une belle rencontre avec un jeune couple français super sympa, Elvire et Robin, avec qui nous avons passé toute la soirée, en en profitant pour les dépanner sur un petit soucis électrique dans leur van.

La fin du Monténégro approche. Ce sera sûrement pour demain après la visite matinale du monastère d'Ostrog.

33 degrés cet après midi, nous bivouaquons au bord d'une rivière et j'attends la bière fraîche . C'est trop bon !