9 heures de bus en 5 changements, pour quelques 180 km ! Ça vous dit ? Et bien moi, j'espère ne plus jamais refaire.

Je ne sais pour quelle raison, mais mes nouveaux potes se sont mis en tête de foncer vers l'Adam's Peak, en zappant Kandy, l'ancienne capitale du pays.

Personnellement, j'avais prévu de m'y arrêter pour essayer de faire une randonnée sur 2 jours en montagne, mais je me suis laissé embarqué.

Je peux dire, une fois cette étape faite que je ne le regrette absolument pas, mais c'est là toute la différence de voyager seul, face à ses propres choix, ou à plusieurs avec les compromis éventuels.

Donc nous voilà enfin arrivés à Sri Pada, petit village composé a 90 % de guesthouses et de vendeurs de vêtements chauds. Nous sommes au pied de ce pic qui se dresse devant nous comme un pain de sucre très pointu en son sommet culminant à 2243 m.

C'est un lieu essentiellement de pèlerinage, ou quelques voyageurs se mêlent aux centaines de bouddhistes quotidiens pour cette ascension de 5500 marches très inégales.

1200 mètres de dénivelé à faire pour observer de la haut le lever du soleil sur les montagnes. Voilà l'objectif.

Beaucoup de personnes partent entre 2 et 3 heures du matin pour arriver à temps la haut. Perso, j'avais dans la tête de partir en fin d'apres midi, dormir au sommet pour être sur place au bon moment sans être obligé de se réveiller en pleine nuit.

Après avoir discuter avec quelques personnes, à 2200 il fait vraiment froid et très venté. Je n'ai pas pris mon duvet, mais uniquement mon sac à viande 😨 . Je crois que ça ne va pas le faire.

Donc départ 3 heures du matin pour nous trois, Ambre Aurélien et moi. Ah, changement de programme, Aurélien projette un autre trip pour je ne sais quelle raison. Donc plus que deux. Moins on est de fous, moins on... Je sais pas.

Décidemment, je ne suis pas fait pour forcer à ces heures là. Je monte doucement en essayant de me réveiller, mais je ne sens pas mes jambes, je me sens mou.

Ambre, elle, me distance sans aucune difficulté. Elle a quand même 32 ans de moins que moi. Ça peut expliquer certaines choses.

Nous sommes peu nombreux sur ce chemin religieux. Je pense que les pélerins partent à leur rythme et ça s'étale bien tellement les vitesses d'ascension sont diverses.

Mon corps se réveille peu à peu, et je finis par dépasser quelques grimpeurs qui s'arrêtent pour reprendre leur souffle. Je suis plutôt "vieux diesel", je chauffe doucement et je ne m'arrête plus, finis par rattraper et dépasser la jeunette. J'ai pris mon rythme dans le noir intense de cette nuit sans lune.

Ce gigantesque escalier est éclairé par endroits pour permettre des pauses café ou thé pour les plus fatigués.

2 heures plus tard nous arrivons sur cette aiguille sur laquelle est bâti un temple sur plusieurs niveaux tellement l'endroit est exigu. Mais le plus surprenant est le nombre incroyable de pélerins emmitouflés à attendre l'instant magique.

Certains ont dormi là, c'est sûr. D'autres sont arrivés il y a peu.

Quelques bouddhistes remplissent de cire liquide des petits godets et y plongent un genre de mèche avant de les allumer. Un semblant de chaleur s'en dégage. Ambre est gelée, et moi pas trop chaud non plus. Un vent glacial passe dans tous les interstices de ce temple à ciel ouvert.

Enfin l'instant si attendu est là.

Une première lumière oranger fait apparaître les contours des sommets à l'horizon et peu à peu tout s'éclaire en passant par des teintes que je ne pourrais décrire ici.

Une demi heure plus tard, le soleil sort vraiment en nous dévoilant toutes les vallées encore dans les brumes nocturnes.

C'est somptueux, et aucune photo ne vaudra la splendeur du spectacle.

La température change très vite, et la descente peut commencer. Évidemment les bouchons du départ sont incontournables, et nous arrivons à nous faufiler pour ne pas trop piétiner. J'ai horreur de ça.

Une heure et demi plus tard nous nous mettons les pieds sous la table pour un bon petit déjeuner bien mérité.

Je suis très content d'avoir vécu ces instants, à la fois pour avoir accompagné de tous ces pélerins, pour la beauté cette lumiere crépusculaire, mais aussi pour l'accomplissement d'un effort non négligeable.

Mais la journée ne fait que commencer et je trouverais idiot de quitter cet endroit aussi vite sans vadrouiller dans cette nature montagneuse, arrosée de multiples torrents et cascades, et tapissés de plantations de thé.

Je réitère ma recherche de scooter qui ne me paraît pas évident dans ce coin. Le téléphone "cinghalais" à très bien marché.

Le frère du cousin de la mère du copain du gérant de ma guesthouse nous apporte une bonne vieille 125 cm3, ce qui tombe très bien puisque nous allons être deux sur l'engin.

Aurélien n'étant toujours pas revenu, nous partons Ambre et moi à la visite des alentours.

Les plantations de thé recouvrent la quasi totalité des terres, qu'elles soient pentues ou carrément abruptes. Le travail des cueilleuses est absolument incroyables. Elles sillonnent ces immensités d'arbrisseaux en arrachant des kilos et des kilos de feuilles qu'elles mettent dans des gros sacs tissés.

Une fois pleins, elles les chargent accrochés a leur tête, les font peser un à un, car je pense qu'elles sont rémunérés au poids cueilli, pour ensuite être répartis dans des sacs calibrés à 20 kg.

En fait nous nous sommes arrêtés pour observer cette scène intéressante. Mais pas de photos.

Ces femmes sont petites, remarque il vaut mieux vue la hauteur des plants, Elles ont toujours le sourire et aiment à nous faire de petits signes de la main à notre passage. C'est vraiment touchant.

Tout d'un coup en fond de vallée, j'aperçois un superbe torrent. Il fait très chaud et un bain s'impose naturellement. Waouhhh que c'est bon. J'y reste un bon moment alors que Ambre se montre bien frileuse. Quelle idée !!!

La route est en très mauvais état, et il n'est pas question de faire de la vitesse. Ambre n'est pas rassurée. C'est sûr qu'elle ne connaît pas ma prudence en moto et mon adversion pour la vitesse. 25 à 40 km/h sont largement suffisant pour aller jusqu'à une plantation de thé avec une cascade se jetant dans un joli lac.

Entre mon appli de cartographie et notre observation, nous y parvenons par le haut, ou plusieurs bassins se déversent les uns dans les autres jusqu'à ce que cette belle eau fraîche se déverse dans le lac quelques 200 m plus bas.

Après avoir désescalader quelques rochers glissants, l'un de ces bassins devient une piscine privée avec vue panoramique. Que du bonheur !

La journée s'achèvera pas trop tard avec son lot de fatigue. Elle aura commencé à 2h45 du matin pour s'achever vers 22h00. Et on appelle ça des vacances 😭.

Demain, je reprends ma route seul, un peu comme j'avais commencé mon voyage.

Cet intermède de route à plusieurs a vraiment mis en évidence les différents aspects du voyage, mais j'en parlerai sûrement plus tard.