Si vous connaissez Bangkok et sa Khaosan road, et bien la rue principale de Ella ressemble un peu à ça. C'est une succession de bars tous plus gros, plus hauts les uns que les autres, mais somme toute assez esthétiques avec pour certains des structures en bois et toits en forme de vagues recouverts de palmes.

Un peu de racolage évidemment tellement la concurrence est forte, mais sans excès.

Ayant entendu parlé de cette ambiance quelque peu festive, j'ai préféré réserver une guesthouse un peu à l'écart du centre pour dormir au calme. Booking m'annonce 900m du centre. J'ai marché avec mes sacs sur une route de montagne et montante 2,5 km en pleine chaleur.

Inutile de vous dire que je suis arrivé trempé et un peu énervé. Mais ma peine ne s'arrêtait pas là. Pour accéder à l'habitation, des énormes marches en terre instable sont creusées dans une pente super abrupte. J'en peux plus. Je râle.

Je ne suis pas avare d'efforts, mais j'avoue là avoir une petite colère qui monte en moi. Booking devrait tout de même veiller à ce que les infos soient réelles et complètes.

Bref, c'est du passé... j'avais envie de le dire.

Je crois que les touristes viennent ici essentiellement pour l'ambiance, visiter une ou deux plantations de thé, et voir le pont de chemin de fer aux 9 arches.

Vue l'avancée de la journée et un ciel très menaçant la prudence veut que j'aille regarder à quoi ressemble cette curiosité architecturale aux portes de la ville me permettant de rentrer rapidement au cas où...

Bon, c'est un pont en pierres qui traverse une ravine, et sur lequel passe le fameux train pittoresque des montagnes cinghalaises. Mais j'avoue que de voir des centaines de touristes s'agglutiner pour se selfier 1000 fois ou se faire photographier dans toutes les positions les plus extravagantes, je ne comprends pas vraiment.

Je crois que c'est la première fois dans ce voyage où j'ai un avis assez négatif et dans lequel je me sens complètement décalé. Il en faut pour tous les goûts me direz vous.

Une averse par là-dessus et c'est parfait 😩 .

En fin de journée, les bars de Ella s'illuminent et on peut entendre des tablées chanter à tue -tête dans des langues très proches de l'Europe du Nord...

C'est vraiment bizarre, après tout ce que je viens de vivre durant ces dernières semaines.

Je décide de partir demain matin.

La nuit se passera sous une pluie diluvienne. Certes je suis à l'abri, mais la pluie sur la tôle ondulée, ce n'est pas très discret.

Au matin je redescends mes 2,5 km vers le centre pour prendre mon bus, mais une petite voix me dit que je devrais rester une journée de plus. Être venu jusqu'ici pour 1/2 journée, c'est un peu idiot, voire pire.

Des scooters en location sont partout dans les rues. J'en prends un, m'arrête dans une petite guesthouse proche du centre (tant pis pour le bruit) et y depose mon sac.

Je me casse dans les montagnes, qui elles, sont vraiment très belles.

D'ailleurs à peine fait 2 km, que je retrouve la tranquillité, et des paysages exempts d'artifices touristiques.

A force de discuter à droite à gauche, on me parle d'une plantation familiale qu'il est intéressant de visiter et de voir le travail du thé jusqu'à ce qu'il arrive dans nos tasses.

Le bâtiment est très vieux et austère, et malgré toutes les machines, tapis de séchage, chaîne de transports des sacs de feuilles, je n'entends aucun bruit.

Mince, c'est dimanche et ça ne bosse pas. Pas même de visite, et pour autant je peux rentrer comme dans un moulin. Tel quel, ça fait un peu usine désaffectée, et ce petit détour ne m'aura pas appris grand chose. Dommage !

Tiens, un temple tout en haut perché sur une montagne. J'en cherche l'accès et arrive au sommet face à un immense stupa en construction, avec une quinzaine de petites maisonnettes en pierres, bien propres, situées sur les flans du relief à deux pas du monument.

En fait, chaque maison est occupée par deux personnes, moines bouddhistes ou autres pensionnaires venus pour des périodes de méditations.

Un moine m'aborde grand sourire aux lèvres et me propose de faire le tour de ce complexe religieux.

Nous nous posons un instant sur un éperon rocheux face à des vallées profondes et verdoyantes.

Outre la beauté du paysage, une ambiance particulière se dégage de ce lieu. Les deux mots qui me viennent a l'esprit, à cet instant sont Sérénité et Puissance.

Nous restons là tous les deux à parler un peu de sa vie, et me propose de rentrer dans la salle commune des repas pour prendre un thé. Il n'y a personne d'autres que lui et moi.

Après ce délicieux moment, il est vraiment temps de rentrer. Les averses orageuses se succèdent, et la nuit commence à tomber. Il est hors de question de conduire la nuit ici. Je suis surpris de l'heure.

Je n'ai pas vu le temps passer.

La soirée, la nuit, le lendemain matin sont d'un classique presque imperturbable.

Je prends le bus pour Kataragama...